Avant propos La Grande Fraude

Depuis bien des années, je me proposais d'esquisser, en une trame unique, la multitude des mensonges et des hypocrisies de toute nature qui, dans l'univers entier s'élabore sur mer ou dans les ports, avec la complicité involontaire ou contrainte des bateaux.

Le lecteur les ignore. Trop d'intérêts opposés, même lorsqu'ils s'invectivent publiquement, avec colère et âpreté, s'accordent pour empêcher que n'apparaissent dans les journaux ou dans les déclarations politiques les tricheries de la fraude et les complicités internationales.

Ma grande difficulté, mon principal scrupule, ont été de construire une synthèse et, entre mille aventures possibles, de m'arrêter à un drame caractéristique.

Les événements tragiques de la décade passée m'avaient induit à choisir le thème qui suit. Avant que la Grande Fraude maritime n'eût pris un caractère d'actualité brûlante, j'avais achevé cette oeuvre, entre la Noël et les Pâques dernières.

La tragédie d'Espagne, telle qu'elle se déroule maintenant, donnait à mon exposé, écrit antérieurement, une telle allure prophétique, que je crois utile de dire combien cette guerre civile est la suite naturelle de ce qui se préparait dans l'ombre.

Mes personnages symboliques, Tchouta, Strobosky, Axil, Diokles, sont vraiment les êtres de chair et de sang qui vivent un des actes les plus authentiques de notre prodigieuse époque.

En les faisant agir, je me suis toujours tenu, à grand peine souvent, au-dessous de la réalité brutale. Le créateur sincère doit se souvenir qu'aux yeux de son public, le trop vrai risque parfois de n'être pas très vraisemblable. J'ai fait effort pour me maintenir entre l'un est l'autre.